[HRP] Je repost cette histoire que j'aimais bien et qui était née d'une soudaine envie d'écrire, Merci a Holmes qui m'avait aidé a corriger quelques fautes. Le Conte du Comte. Le petit comté était éclairé par des brandons enflammés qui faisaient danser les ombres sur les murs de torchis. Un homme se tenait debout, sur un quai en bois noir. Seul habitant dehors en cette heure tardive. Seul humain, mais pas seule vie. Une forme déambule derrière les maisons, protégée par l'obscurité. Une forme massive, évoquant sinistrement la silhouette d'un loup. La forme s'avançait discrètement vers la colline qui surplombait le petit comté. Plus précisément vers le manoir qui surplombait la colline. Un manoir que la brume masquait, lui donnant une allure morbide, que la sinistre lueur de la lune aggravait. L'homme se tenait sur le quai à réfléchir. La forme avançait vers la riche demeure. La Lune et les torches éclairaient faiblement le lieu. Un silence calme régnait en maître. La forme osa enfin s'approcher de la lumière des torches, révélant sa nature. Un magnifique félin blanc dont le pelage était décoré de tatouages tribaux.C'est à ce moment que l'homme choisi de se retourner. Un échange de regard. Les yeux charbonneux de l'humain. Les yeux fauves de la bête. Un cri. Un vol de corbeau dégarnissant la cime des pins alentours. Un bond prodigieux de la bête vers la sécurité des ombres. Un regard ahuri de l'homme qui venait de hurler. Le félin redevenu ombre rôde, s'avançant dans l'obscurité, vers le quai faiblement illuminé. L'homme se frotte les yeux, espérant que sa vision ait été troublée par la fatigue. Un autre bond de la forme féline. Un cri de l'homme, vite transformé en gargouillis quand les griffes passent sur sa gorge. La forme reprend sa route vers la colline. Une brise légère et froide disperse la brume. Pendant les quelques secondes de la débandade du brouillard, le manoir sinistre est visible. Les fenêtres brisées sur lesquelles restent, tenaces, quelques morceaux de verre crasseux, révèlent une obscurité totale. Les murs étaient d'un noir si profond que les yeux ne supportent pas de se poser dessus sans causer quelque appréhension a leurs propriétaires. Les portes de bois montraient des bas-reliefs effacés, des éraflures sur leurs grands battant et un grand heurtoir rouillé en forme de crâne de bélier, évoquant étrangement quelque ancien démon. La forme s'avance encore. Sa mission est là bas. Arrivée sur le seuil, la forme en prend une autre. Elle se dresse sur ses pattes, des cheveux longs et pâles lui poussent, son pelage se regroupe en pièces d'armures de cuir blanc, ses crocs menaçants se transforment en dents régulières et ses griffes en ongles nets. Le félin blanc et inquiétant se transforme en une elfe effrayante et belle. Elle sait pourquoi elle est là. Elle pousse la porte. C'est une aventurière cupide qui cherche l'or du comte. Car le manoir est habité par un comte. Le conte pour enfant de son village le raconte: Le comte vivant dans son manoir, Dansant éternellement dans le noir, Attendant que la mort remarque son oubli, Sinistre prisonnier de sa malédiction, banni. Le comte dont l'or attend, Le trésor abandonné, patient, Que l'audacieux s'empare de lui, Que le prenne le cupide fortuit. L'elfe était bercée depuis son plus jeune age par cette litanie entêtante. Elle avait maintenant décidé qu'elle serait l'audacieuse du poème. Maintenant elle avance dans les couloirs. L'obscurité totale ne la gêne pas. Elle ne discerne absolument rien, mais ce n'est pas dérangeant. Elle avance a tâtons, un sourit de triomphe sur le visage. L'or était a sa portée, et on raconterait son histoire encore longtemps. Une minuscule lueur éclairait maintenant ses pas, révélant un couloir sombre. La lueur provient des interstices d'une porte, comme elle le voit en arrivant sur le seuil de celle-ci. Elle l'ouvre, curieuse et anxieuse. Une éblouissante lueur, une assourdissante clameur. Des lustres en cristal, un orchestre. Elle était parvenu à la salle de réception. Magnifiquement décorée, la pièce était rempli de nobles engagés dans une danse infernale. Tous dégageaient une pâle lumière. Tous étaient exquisément habillés. Tous dansait, suivant l'orchestre dans une ritournelle éternelle. Seul un échappe a la ronde. Un homme assis. La même lueur phosphorescente s'échappe de lui. Il pose un regard acéré sur l'elfe. Derrière lui, un tas d'or. «Le cupide était donc une cupide, murmura-t-il en se levant et en s'approchant de l'elfe. Bien, enfin je serais libéré de ma malédiction.» L'elfe l'observait maintenant, effrayée, tremblante. Elle n'avait tenue compte que de la partie de l'histoire qui parlait de l'or. Maintenant le comte du conte s'avançait vers elle et malgré son air bienveillant, il la remplissait d'effroi. Arrivé devant l'elfe, il lui tendit la main, en silence. «Que...commença l'elfe, inquiète. -La malédiction, l'interrompit le comte, se rompt quand le personnage principal prend part a la danse. Et cette danse se pratique a deux.» Ne laissant pas le temps de répondre a l'elfe, il l'entraina dans la ronde. Durant des heures ils dansèrent. Et la malédiction se rompit. Le comte fantomatique se dissipa en une fine fumée blanche, suivi de près par ses prestigieux invités. Et de l'elfe se dégageait à présent une lueur phosphorescente et pâle.